Réflexions sur l’analyse technique.

En réfléchissant sur le contenu des analyses, publiées sur les sites internet de courtiers dédiés à l’analyse technique et sur ceux rédigés par « des professionnels » dans différents médias, les questions qui me viennent à l’esprit sont : l’AT est-elle devenue uniquement un outil de promotion commercial ou les analystes ont-ils un niveau de compétence qui demanderai à être renforcé.

La majorité des analyses publiées sont inutiles pour trouver des idées qui permettent de réaliser régulièrement des plus values.

Les arguments qui permettent d’étayer ma réflexion sont les suivants :

– Utilisateur ou professionnel

L’utilisateur est une personne qui va utiliser les conclusions de l’analyse pour  prendre une décision (acheter, vendre ou conserver). Le professionnel va utiliser des outils, d’une certaine façon, afin de faire des anticipations.

Généralement celles-ci sont des niveaux de cours. Elles ne sont que rarement  / jamais exprimées en terme de durée.  Cependant la durée prime sur un niveau car même si un certain niveau est atteint, si le  mouvement doit se prolonger durant plusieurs périodes, l’objectif de niveau sera remis en cause. L’explication de ce comportement tient dans l’aspect commercial : il est plus facile de « vendre » un objectif qu’une durée. D’un point de vue technique et actuellement, les outils qui permettent d’anticiper une durée sont plus fiables que ceux liés à l’anticipation d’un niveau.  Il y a une dizaine d’années et plus c’était l’inverse.

– Objet d’une analyse

C’est faire une anticipation pour réaliser des plus-values. Il y a dix ans et plus la majorité des marchés étaient peu volatils (en comparaison avec la période actuelle). Il était donc envisageable d’observer le passé pour anticiper l’avenir. Si une certaine configuration permettait une fluctuation de X%, la présence d’une configuration similaire permettrait d’envisager un mouvement semblable (les mêmes causes produisent les mêmes effets).  L’apparition de la hausse de la volatilité a permis de mettre en évidence vers 1990 que le potentiel de fluctuation des cours est la résultante de la hausse de la volatilité. La hausse de la volatilité résulte de l’augmentation de la vitesse de transmission de l’information. Comme de nouveaux progrès en ce domaine sont attendus pendant plusieurs années, il est possible d’en déduire que la volatilité des marchés continuera à croitre. De nouveaux indicateurs, non bornés, qui permettent d’anticiper le potentiel de hausse de la volatilité, sont devenus les principaux outils à la disposition des AT. Les techniques utilisées doivent donc être efficientes quelque soit les nouvelles situations. Pour bien se faire comprendre je donne l’exemple suivant :

Dans les années 60 les indices boursiers étaient pratiquement stables. Un indicateur comme le RSI ou le stochastique (indicateur borné) était adapté pour travailler. Avec la hausse des indices au début des années 80, les résultats obtenus étaient meilleurs en utilisant le MACD (indicateur ouvert)

Logiquement l’utilisation du RSI ou du stochastique aurait due disparaitre. Par paresse ou méconnaissance, de nombreux opérateurs continuent  à utiliser le RSI ou le stochastique. A croire que ces utilisateurs continuent à s’éclairer, chez eux, avec des bougies.

Un analyste technique qui ne prends pas en compte ces aspects du travail ne peut pas se prévaloir du titre d’analyste. De même que ceux qui dans leurs analyses font référence au passé s’excluent du titre d’analyste mais endosse celui de commercial.

– Absence de notion de sécurité

Le mot sécurité n’existe dans aucun ouvrage consacré à l’analyse technique classique. Cette notion n’est jamais prise en compte. Donc, les analyses sont faites au petit bonheur la chance. Cette constatation est à rapprocher de celles consistant à utiliser le même indicateur pour entrer et sortir de position ou analyser un produit avec le même indicateur (Martingale) dans un marché avec ou sans tendance.

– De l’analyse graphique  à l’ATDMF en passant par l’analyse technique

L’analyse graphique était l’apanage des analystes techniques avant l’arrivée des premières calculettes en 1970. La faible volatilité des marchés permettait de se référer au passé et donc de tracer des tendances à l’aide d’un crayon et d’une règle. Selon la longueur de l’historique disponible, les résultats étaient plus ou moins exacts.

Avec l’arrivée des premiers calculateurs digitaux , il fut possible d’utiliser des outils statistiques qui permettaient de trouver certaines caractéristiques du comportement d’une série traitée (cours, indice). Ce progrès restait efficace jusqu’au début des années 90, tant que la hausse de la volatilité ne bouleversait pas la situation.  L’apparition de fortes variations de cours ne permettait plus de se contenter d’observer un changement significatif dans le comportement des indicateurs (croisement d’un indicateur et de sa moyenne mobile, croisement d’un indicateur court terme et d’un indicateur long terme) pour liquider ou prendre une position. Il était devenu indispensable d’utiliser une autre stratégie consistant à anticiper le comportement de certains indicateurs. Cette approche est celle développée dans l’ ATDMF que j’ai mise au point. L’entrée et la sortie de position ne se faisant plus sur l’observation du retournement d’un seul indicateur. Priorités sont données à l’anticipation de l’évolution de la hausse de la volatilité et à la durée restante d’un mouvement.

– Utilisation d’indicateurs obsolètes et utilisation inappropriées

Il cohabite une bonne centaine d’indicateurs à disposition des analystes. Au lieu de recommander de supprimer l’utilisation d’indicateurs redondants ou obsolètes, les responsables de formations préfèrent éviter le sujet. Cette situation est liée à une question commerciale : les organisateurs de conférences ont « sous contrat » un certain nombre de « vedettes ». J’ai assisté à une conférence où la personne continuait à promouvoir son indicateur que j’avais retiré de mes formations  depuis vingt ans.

L’apprentissage de l’utilisation des indicateurs se fait à partir d’ouvrages d’AT. Les livres en français sont la traduction de livres américains édités aux USA vers 1980. En règle générale, il ne s’agit pas de traduction du document  original. Il n’est donc pas étonnant d’y trouver de nombreuses erreurs que les lecteurs s’empressent de répliquer, le sens critique des AT n’étant pas leur qualité première. Dans ces ouvrages, il est pratiquement impossible de trouver les conditions optimales d’utilisation des indicateurs ni du contexte pour lequel ils ont été créés.

Le RSI fut parmi les premiers indicateurs disponible. A l’époque il était beaucoup plus performant que les autres outils. Maintenant,  il n’est plus du tout adapté aux comportements actuels des marchés.  Vos pourrez cependant le retrouver dans de nombreuses analyses. Ne demandez jamais pourquoi cet indicateur est utilisé, vous devriez faire bafouiller votre interlocuteur. L’utilisation du croisement d’une moyenne mobile courte avec une longue est un grand classique de l’analyse technique pour entrer et sortir de position. Statistiquement, lorsque elles sont utilisées dans des marchés qui n’ont pas une très forte tendance, les résultats sont exécrables.  Mais le concept d’utilisation classique est accessible à l’ensemble des opérateurs.  C’est la raison (commerciale) qui  en fait son succès.

Les moyennes mobiles peuvent être utilisées comme outil d’anticipation (Non-croisement décrit dans les ouvrages sur l’ATDMF). Les résultats sont dans ce cas exceptionnels.  Faut-il  encore être dans une démarche d’anticipation et non pas de constatation d’un mouvement .

Au niveau des logiciels d’AT  » la pagaille » est de mise. Le SAR est un indicateur technique indispensable (car utilisé par l’ensemble des traders pour sortir d’une position sur le Forex). Si vous comparez sur un marché organisé sa valeur (à un moment donné) sur différents logiciels,  vous obtiendrez des résultats différents. Bien entendu , il n’y en a qu’un seul qui soit juste. Ce n’est cependant pas un problème pour les utilisateurs ni pour d’autres. L’important c’est de montrer qu’on utilise le SAR. Comme nous disons en analyse systémique : garbage in, garbage out. J’ai résolu cette question en 2001 pour mon utilisation, à l’aide d’un SAR ATDMF programmé à partir de la page 11 du livre de Wider créateur de l’indicateur.

– Anticipation de la durée d’un mouvement prioritairement à celle d’un niveau.

Les indicateurs qui ne permettent pas d’anticiper la durée d’un mouvement  ne doivent pas être utilisés. Un niveau de cours est un sous-ensemble de la durée d’un mouvement. Tant que le potentiel de durée n’est pas terminé, une poursuite du mouvement  est le plus probable. Commercialement ce concept ne tient pas Vs un objectif de niveau. Le tout est de savoir quel est l’usage de l’analyse technique. En trading, le résultat d’une position ne peut être positif qu’à l’aide de la gestion de la volatilité qui est étroitement liée à celle de la durée.

 

– Utilisation des bougies japonaises : une remarque « stupide » de ma part?

Actuellement, la quasi totalité des graphiques sont représentés sous forme de bougies. La méthode des bougies, on aime ou on aime pas mais ce n’est pas la véritable question. Elle a été conçue pour analyser un marché organisé (cours de clôture Vs cours d’ouverture). Sur ce type de marchés (actions, indices, devises), la clôture sur un marché organisé est un cours particulier car la quasi totalité des positions ouvertes durant la séance doit être débouclée pour ne pas courir le risque des fluctuations « overnight ».  Utiliser des bougies sur d’autres unités de temps que la journée revient à considérer qu’à la fin de chaque période (1 heure, 5 minutes, etc) les opérateurs liquident leurs positions. ..

 

– Sélection des marchés

Les courtiers sont rarement des généralistes. Ils proposent donc des analyses sur un segment : actions, indices, devises, matières premières. L’utilisateur de l’AT est confronté à une autre question que : l’action A est-elle plus performante que la B. La bonne question est : quel est le segment de marché le plus performant. Les « spécialistes » des actions ou des devises ne sont en aucun cas des spécialistes de l’AT. Tous les actifs financiers obéissent aux mêmes règles d’évolution de la durée d’un mouvement.

– Absence de l’utilisation des indicateurs les plus performants.

Je ne reviendrai pas sur les Non-Croisements évoqués dans un article précèdent.

Depuis le début des années 1990 l’analyse de l’anticipation de la hausse de la volatilité  est devenue primordiale. Elle permet de mesurer la durée et l’amplitude d’un mouvement lorsqu’il sera significatif. En dehors de l’utilisation de la méthode ATDMF, l’analyse technique classique ne propose pas d’outils pour anticiper la volatilité. Les analystes rechignent à présenter une approche complexe préférant une analyse simple. Cependant et contrairement à ce qui est écrit un peu partout il n’y a pas une analyse technique pour les débutants et une autre pour les professionnels. Il y a les approches qui permettent de réaliser des plus-values et celles qui ne le permettent pas. Evidemment, du point de vue commercial ce raisonnement n’est pas très vendeur.

– Analyse technique et trading intra-horaire (bien adapté aux personnes physiques):

Le trading haute fréquence s’est développé (ou a développé) avec la hausse de la volatilité des marchés. La réussite des opérations de trading à plus long terme (dix à quarante minutes) ne peut s’envisager que par une stratégie basée sur l’anticipation de l’évolution de la volatilité et par une sécurité renforcée. L’utilisation de l’analyse technique classique ne permet donc pas d’être utilisée par les traders pour leurs opérations. Nous avons signalé que la notion  de sécurité ne fait pas partie des préoccupations des analystes techniques et que les outils relatifs à l’analyse de la volatilité sont rudimentaires et pas concernés par la projection dans l’avenir.

 

En conclusion:

La démarche utilisée (constatation et non pas anticipation) par un analyste classique n’est pas cohérente avec les objectifs attendus de  l’AT. Depuis 1990, les outils utilisés en AT classique ne sont plus adaptés à la hausse de la volatilité des marchés, ni aux besoins d’anticiper la durée d’un mouvement. Pour se convaincre qu’il est possible de faire des anticipations, le lecteur cherchera des articles concernant des alertes sur des mouvements extraordinaires, à venir, des marchés. Sur Linkedin et sur mon blog : www.atdmf.com, j’ai publié depuis janvier 2018 de nombreuses alertes (anticipations de mouvements) sur l’avenir exceptionnel de différents marchés financiers : indices boursiers, actions, pétrole (WTI), Bitcoin. Vous en déduirez que , si elle le veut, une nouvelle forme d’analyse technique est une approche indispensable pour les investisseurs et les spéculateurs( à l’horizon de quelques minutes à plusieurs trimestres) afin d’anticiper les mouvements puissants.

Philippe Cahen  25/12/2018

Pour aller plus loin: Action Future  N° 59 pages 6 à  14

 

PS (1) : Marchés financiers, 2019 sans surprise.

Au plus tard mi-janvier 2019, de nombreux IEP / IEN seront validés sur les graphiques mensuels et trimestriels de différents actifs financiers. A la différence des signaux utilisés en analyse technique classique, les IEP / IEN ne jouent pas à cache cache avec les analystes une fois qu’ils sont actés. Il sera donc possible de faire des prévisions fiables sur les marchés pour lesquels les IEP / IEN sont présents. Rappelons que plus une unité de temps est longue ( année, trimestre, mois) plus le signal est fiable. La puissance du mouvement à venir est fonction du type d’IEP / IEN présent et de l’indicateur concerné.

PS (2) : Le Dow-Jones à 14 000 ?

Si vous souhaitez savoir  quelles sont les conditions nécessaires pour que cet objectif puisse être atteint, envoyez moi un mail : cahen.atdmf@yahoo.fr

 

 

 

 

 

 

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