(Point de vue de Philippe Cahen)
Depuis l’an 2000 le RSI est un indicateur obsolète (Action Future N° 59, Avril 2016, P. Cahen : article original qui reste d’une importance majeure).
Le RSI apparait très souvent dans des analyses réalisées par des commerciaux déguisés en analystes techniques.
Une personne qui continue à en faire la promotion ou l’exploitation est donc un usurpateur de la dénomination Analyste Technique. Ceci vaut évidemment pour celles et ceux qui le mentionne dans des ouvrages et des formations ! Ces personnes sont également persuadées que pour faire la lessive rien n’est mieux que d’utiliser du savon de Marseille et une lessiveuse, pour conserver la nourriture il convient de la mettre dans un garde-manger et que le moyen le plus rapide pour aller de Paris à Moscou est de prendre un train…
Ce que cherche les utilisateurs de l’AT, ce sont uniquement des outils pour réaliser des gains. Les analystes devraient donc proposer les outils les plus performants appliqués aux marchés qui présentent les potentiels de plus-values les plus élevés. Accessoirement et à plus long terme, l’AT sert également au suivi de positions.
Pour remplir la première condition il convient d’avoir un niveau d’études adapté en rapport avec ce que l’on souhaite transmettre et avoir pratiqué à titre professionnel. Pour remplir la seconde condition, il faut se trouver en situation d’indépendance. En ce qui concerne le suivi de position il faut suivre une méthode et l’appliquer rigoureusement.
L’AT doit être considérée comme une activité scientifique puisqu’elle fait appel aux lois de la statistique. Au sein d’une méthode parfaitement définie on sélectionne les indicateurs qui permettent de réaliser des plus-values. Les lois statistiques ne s’inventent pas ou rarement : tout le monde n’est pas Pascal. Une forme aboutie de l’utilisation des outils statistiques est la recherche opérationnelle. Celle-ci était, il y a une trentaine d’années, réservée à une élite scientifique. Toutes les personnes qui sont recrutées (en entreprise ou dans le système éducatif) pour exercer leurs connaissances sur ce sujet rivalisent de diplômes d’ingénieurs ou d’un cursus d’une Grande Ecole ou universitaire. Pourquoi y aurait-il une exception avec l’AT, si ce n’est pour des raisons commerciales.
Par ailleurs, la pratique de l’AT dans une salle de marchés au sein d’un établissement financier implique des contraintes telles que rapidité d’analyse pour ceux qui sont autorisés à faire du trading discrétionnaire et capacité d’analyser différents types de supports et d’objectifs sur différents horizons de temps comme aide aux commerciaux. En ce qui concerne le trading, pour obtenir des résultats « encourageants » la sécurité implique de ne pas limiter les protections contre les pertes à des stop-loss bien connus des opérateurs. Le money-management au niveau de la pratique exige que certaines règles soient respectées. C’est ce que j’ai développé, il y a une quinzaine d’années, avec le concept d’IEP / IEN (L’analyse technique aujourd’hui : Editions Economica et Action Future N° 48) qui permet de réduire drastiquement le niveau de risque encouru. Ce concept est utilisable sur des horizons de temps de prévisions couvrant toutes les durées du trading jusqu’à plusieurs mois / trimestres sur l’ensemble des actifs financiers. Les nouveaux marchés sont inclus dans cette démarche. En limitant la sécurité au stop-loss, l’opérateur avoue ne pas savoir si son trade va être gagnant ou pas. En utilisant les IEP / IEN l’opérateur va définir, à priori, le niveau de risque accepté. L’analyse IEP /IEN est le seul outil de comparaison pour anticiper le potentiel de décalage de cours d’un actif (actions, indices, devises, matières premières, cryptos) par rapport à un autre de la même ou d’une autre catégorie.
Wagons à raccrocher au train : Ce qui est également stupéfiant dans le comportement des enseignants en AT c’est de faire l’impasse sur l’anticipation et l’évolution de la volatilité alors qu’il s’agit du facteur majeur d’évolution des cours lorsque l’on recherche un décalage significatif. De même, comme nous le présentions dans notre article sur la méthodologie, le fait de s’accrocher aux croisements (indicateur et sa moyenne mobile ou moyenne longue Vs moyenne courte) alors que les Non-croisements donnent systématiquement des résultats très largement supérieurs. Nous ne reviendrons pas sur l’erreur consistant à indiquer des objectifs chiffrés alors que c’est la durée restante de mouvement qui doit être privilégiée.