Analyse technique + commercial + indépendance

J’ai vu sur le net un analyste technique utiliser des bougies pour représenter un graphique autre que quotidien. Rassurez-vous (si l’on peut dire)  ce n’est pas le seul à utiliser ce type de représentation pour un graphique autre que quotidien.  C’est navrant car l’approche des bougies est réservée à la représentation de graphiques sur une base quotidienne d’un marché organisé (cotations officielles durant un certain nombre d’heures avec un cours d’ouverture et un cours de clôture). Dans  ce type de marché plus de 90 % des positions sont dénouées avant la fin de la séance pour une raison essentielle : frais élevés pour conserver une position overnight du fait de la  frilosité des intermédiaires financiers vis-à-vis du risque encouru : il se passe un certain nombre d’heures pendant lesquelles il est impossible de toucher à la position. Ainsi, les Japonais ont détecté des configurations qu’ils disent reproductibles à partir de l’analyse des bougies. Admettons le bien fondé de cette démarche, même si je suis dubitatif. Ce qui est certain c’est que représenter les graphiques sur des unités de temps différentes revient à considérer que sur un graphique 5 minute, 90 % des positions sont liquidées à la fin de la cinquième minute ou au bout de la soixantième minute sur un graphique horaire. L’absurdité de ce raisonnement est manifeste. A partir du moment où le B A BA de l’analyse technique n’est pas compris, comment faire confiance à ces spécialistes. A l’origine, en 1992, la publication du livre  de Steve Nison sur les bougies avait eu un succès commercial. A l’époque, les ordinateurs n’existaient « presque pas ». Les seules représentations disponibles des cours était la base quotidienne (+ la majorité des marchés étaient organisés). Donc tout était cohérent. A partir de 1994 il en fut autrement avec l’effondrement du coût de stockage de l’information et donc la possibilité de faire une représentation graphique en ligne avec la durée de la prévision. Donc aucune raison de privilégier les représentations quotidiennes puisqu’elles ne sont optimales que pour les anticipations comprises entre trois et six semaines. Mais en analyse technique, le commercial prime sur le scientifique. Il n’y a donc aucune raison d’abandonner ou de limiter l’utilisation des bougies. Cependant tous les scientifiques vous le diront : GARBAGE IN, GARBAGE OUT. Tant qu’il ne sera pas démontré que l’analyse technique échappe à cette règle, les professeurs et experts en analyse technique utilisateurs des bougies resteront,  avant tout, des commerciaux soucieux de leur rémunération. N’étant rattaché à aucune structure, mais ingénieur de formation, il m’est ainsi possible de prendre le recul suffisant pour alerter objectivement les personnes qui se posent des questions.

Philippe Cahen, Ingénieur CNAM.

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